dimanche 1 août 2010

Salam Afghanistan - Trek dans le Pamir Afghan 1ère partie

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Préambule à destination de maman, de la famille et des amis inutilement inquiets :

N’allez pas croire que je suis une totale inconsciente. Même si la région dans laquelle je vais me promener appartient administrativement à l’Afghanistan, il n’y a qu’à jeter un rapide coup d’œil à une carte pour voir qu’effectivement, le Wakhan est à part. Il est à part géographiquement, politiquement, culturellement.



La religion dominante est celle des Ismaéliens, musulmans modérés adeptes de l’Aga Khan. En plus des 12.000 Wakhis qui vivent dans la région, il y a un gros millier de nomades Kirghizes. Les Talibans n’ont jamais vraiment mis les pieds par ici. La région est resté pour le moment à l’écart des troubles qui agitent le reste du pays, et survit grâce aux subsides de l’Aga Khan et de qqs ONG, et grâce à un tourisme embryonnaire. La présence de visiteurs étrangers est trop rare et précieuse pour qu’on soit embêtés. Au programme donc : une grosse dizaine de jours de trek et de vélo dans le couloir de Wakhan et le Pamir afghan, bande de terre d’une trentaine de km de large et 300km de long bordant les hauts sommets de l’Hindu Kush, autrefois zone tampon entre les empires britannique et russe, aujourd’hui enclavée entre Tajikistan, Pakistan et Chine. C’est par cette ancienne branche active de la route de la soie qu’est passé Marco Polo au 13ème siècle. C’est par là que notre petite équipe informelle (Pierre, Ricky, Céline et moi) allons passer.

L’obtention du visa à Khorog n’est qu’une formalité, la nana du consulat est très sympa, on nous offre même le thé. La partie la plus compliquée de la procédure consiste à trouver la banque pour régler les 50$, dont le guichet se trouve caché dans un bureau sous les tribunes d’un stade. Le passage de la frontière à Ishkashim – un simple pont au-dessus de la rivière Panj – se fait sans souci, si ce n’est que les douaniers tajiks nous font patienter une bonne heure sous la pluie. Quelle idée de vouloir traverser à l’heure de la sieste du chef ! Les sacoches sont vaguement fouillées, les passeports tamponnés. Ca y est, après en avoir rêvé des jours durant en longeant cette frontière qui nous a fait tant fantasmer, nous sommes enfin en Afghanistan. C’est parti pour 5 km de montée dans la caillasse et la gadoue, un petit avant-goût de ce qui nous attend par la suite.

Depart sous la pluie

Caillasse et 1er petit gué

Nous traversons 2 petits villages. L’ambiance tranche avec le Tajikistan. On perçoit tout de suite que le niveau de vie n’est pas le même de ce côté-ci de la frontière, et que les visiteurs étrangers ne sont pas légion. Les enfants semblent intimidés, certains se cachent à notre passage.

La petite ville de Sultan Ishkashim est également bien différente de sa voisine tadjike. Les rares femmes présentes sont cachées sous une burka alors qu’elles ne portent qu’un simple foulard dans les villages. D’ailleurs, elles lèvent leur burka à peine sorties du centre ville. Mais bon, ça fait bizarre de voir ces fantômes bleus. Tous les commerces sont tenus par des hommes, majoritairement en tenue traditionnelle. Cela dit Céline et moi ne nous sentons pas mal à l’aise, il n’y a aucun regard pesant ou malsain. Nous pouvons sans soucis nous promener seules et bavarder avec les marchands et les gens qui viennent nous dire bonjour dans la rue.

Les seuls barbus de la ville

Paradoxalement, le bazar est mieux achalandé que celui de l’Ishkashim tadjike : miel d’Iran, biscuits et sodas du Pakistan, fruits de la vallée, tissus, vêtements.



Le premier soir, nous dînons dans l’unique restaurant de la ville, au son d’un soap turque mal doublé en farsi. Le 2ème soir, nous mangeons une assiette de frites dans une gargote en compagnie de chauffeurs qui parlent aussi bien anglais que nous farsi… et s’amusent étonnamment à nous photographier au téléphone portable. Franche partie de rigolade.

Pas de commentaire sur le look SVP !

L’obtention des indispensables permis pour aller dans le Wakhan n’est pas une mince affaire, d’autant que nous arrivons un jeudi soir et que le vendredi, tout est fermé. Premier bureau, Tourism Ministry Office. Pas moins de 7 personnes s’occupent de transcrire en farsi nos noms dans un grand cahier, puis de les recopier dans un autre registre et d’y coller nos photos pendant que nous remplissons nos cartes d’enregistrement. Passage par le bureau du Gouverneur pour faire signer une lettre d’invitation. S’ensuit une longue conversation dans le bâtiment de la police. Nous n’avons pas de guide pour nous accompagner, cela ne semble pas habituel. Après une bonne demi-heure de discussion agitée entre le jeune qui nous sert d’intermédiaire et deux types du commissariat, nous allons voir le chef de la police qui semble dire « laissez-les passer tranquilles, ce sont des touristes, ils viennent dépenser leur argent ici, laissez de côté vos querelles de personnes » (c’est du moins ce que nous comprenons). Puis il nous faut passer voir le grand chef de la région, Voidkhone, qui doit donner son aval. Tel qu’on nous l’avait décrit au Tajikistan, je l’imaginais grand mafieux entouré de ses gardes du corps. Il s’agit en fait du chef de l’armée locale,  un ancien seigneur de guerre qui s'est battu contre les Russes dans les années 80 et contrôle aujourd'hui la région (y compris  les traffics - drogue et armes transitent alégrement par le Wakhan). Lorsque nous le croisons en ville, il est juste accompagné de son second, souriant, qui baragouine un peu l’anglais, et d’un garde armé. On nous offre le thé (oui je sais, c’est récurrent). Ca y est, nous pouvons partir. Direction Wazed, petit village le long de la rivière Wakhan, au pied du « Big Pamir ».




2 commentaires:

  1. Salut,

    Super, on attendait ce genre de nouvelles. Ca donne vraiment trop envie, ces beaux visages. Nous venons de demander nos visas birmans.
    Chao et bonne route à toi et l'équipe.

    Nathalie Courtet

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  2. Gros bizoux à toi ! fait attention! take care ;) enjoy !
    Syl20

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