samedi 22 août 2009

Dry day today ! Quoi ? Encore ?!?

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De l'anglais "dry" (= sec) et "day" (= jour). Jour sec. Ca ne veut pas dire qu'il ne pleut pas, ni qu'il y a coupure d'eau en ville. Non, ça veut dire, jour sans alcool, ce qui implique pas de bière pour nous.

Les raisons peuvent en être multiples, le plus souvent énigmatiques au touriste profane. Ce peut être pour cause de grève, de fête religieuse, de calendrier lunaire etc. Cela se produit en général 3 ou 4 fois par mois, évidemment de préférence lorsque nous sommes de passage de à Leh histoire de nous contrarier un peu ! Parfois, c'est dry day à 19h quand nous voulons commander au restaurant, mais ce n'est plus dry day à 19h 30 quand la table d'à côté passe sa commande...

Mais cette fois-ci, à notre retour de trek, c'est non pas un dry day mais quatre ! Nos derniers apéros sur place seront donc jus de pomme et lassi...


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Le responsable ? Sa Sainteté le Dalai Lama en visite à Leh... Je ne vous dis pas ce que je pense du bouddhisme tibétain ;-)
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vendredi 21 août 2009

Markha Valley Trek

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Armés du bouquin de JL Taillefer (Ladakh Zanskar - Guide pratique), des cartes Olizanne et de nos chaussures de rando, nous nous lançons à pieds cette fois-ci.

Je voulais au départ faire le trek Padum-Lamayuru, mais faute de temps (il ne reste que 8 jrs), nous optons finalement pour la Markha qui est facile à organiser en autonomie. Les nombreux villages et tea-tents sur le parcours permettent de ne pas avoir à s'encombrer de gros sacs à dos et provisions pour 7 jrs !

Suivant les conseils de JL Taillefer, nous décalons les étapes afin d'éviter de se retrouver avec les hordes de touristes se trimballant avec tout le barda du parfait colonial (faut voir les colonnes de mules chargées de sacs, tentes, tables, chaises, réchauds etc). Excellente idée en effet. Nous croiserons des groupes seulement les 1er et derniers jours lors du passage des 2 cols encadrant la Markha, et qqs trekkeurs indépendants comme nous dans les homestays. Les paysages sont très chouettes, surtout entre les villages de Markha et le dernier col (Konmaru La).
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jeudi 13 août 2009

Pangong Tso - Wari La - Nubra Valley

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"Tout peut attendre, mieux vaut être en retard"... Belle devise que nous avons bien involontairement fini par faire nôtre ! Après 3 jours passés à attendre les permis, nous décollons enfin de Leh. C'est Manzoor (patron de l'agence Virgo à qui nous adressons un grand merci) qui nous déposera les permis en route avant Karu, meilleur compromis trouvé afin d'éviter une journée de plus d'attente. J'ai mis à profit ce repos forcé pour aller voir le médecin du coin car je traîne une belle crève depuis plus d'une semaine. Diagnostique en 3 minutes chrono : "You cough a lot, antibiotics". Mouais... Bon en même temps pour moins de 3 euros tout compris (sirop, paracétamol et antibio), on ne peut pas trop lui en vouloir !

Choglamsar, Shey, Thiksey, Stakna, Karu. Je commence à connaître la route par coeur. Et dans le sens de la descente, ça parait immédiatement plus agréable. Manzoor nous rattrape peu après Thiksey avec les précieux sésames. Personne ne nous arrête au 1er checkpost. Nous commençons à grimper doucement le 1er gros col du parcours (Chang La 5360m). Bivouac à 4000m d'altitude.

Le lendemain, je tousse encore et surtout me sens totalement "flagadatte" (orth???). Au bout de 2h à avancer comme une tortue, à peine 200m gravis, il en reste plus de 1000, je jette l'éponge un peu découragée et me résous pour la 1ère fois à monter dans un camion. Sentiment d'échec accentué par la longue attente d'un véhicule qui veuille bien embarquer vélo plus pilote. Après plus de 2h (ça laisse bien le temps de cogiter), j'aperçois Pierre qui redescend pour venir aux nouvelles. Au même moment, un camion de police accepte enfin de s'arrêter. Nous grimpons tous les deux, moi à l'avant dans la cabine, Pierre à l'arrière avec les vélos au milieu de la ferraille. La route est sacrément impressionnante vue de haut. Le précipice semble toujours bien proche. A un moment, on voit arriver en face un autre camion transportant une carcasse de ce qui semble avoir été par le passé - avant de fort probablement se fracasser dans un ravin - un véhicule militaire. "Ah, single lane road" dit le chauffeur en riant et en montrant l'épave écrabouillée. Marche arrière dans le sens de la descente à la recherche d'un endroit plus large pour pouvoir se croiser, les roues mordant le bas-côté puis à cheval dans le vide. Non, je n'ai décidément pas du tout le même sens de l'humour. Ce serait dommage de finir le voyage ici de façon si peu honorifique ! Après 20 bonnes minutes de manœuvres dans un sens et dans l'autre, on repart vers le col. Ouf !

On atteint enfin le Chang La ! 5360m d'après le panneau indien, 5380m d'après le GPS. Qui a raison ? Casse-croute rapide au sommet, on décharge les vélos. La descente est difficile, j'ai l'impression d'avoir des courbatures partout. Les 35km jusqu'à Tangste me semblent bien longs. On se pose dans la 1ère guesthouse, et je me glisse directement sous plusieurs épaisseurs de couvertures. Ca promet pour la suite !

Je me sens heureusement sensiblement mieux au réveil. On prévoit une étape courte pour se reposer un peu (une quarantaine de km, +/- 400m de dénivelé), étape tout de même ponctuée par qqs traversées de gués, dont un vraiment important avec de l'eau jusqu'au genou et un fort courant qui impose de tout décharger et transporter à la main. C'est Pierre qui se charge de tout transporter, une vraie perle ! L'arrivée sur le Pangong Tso est absolument magique.

Les paysages sont superbes :









On décide de poursuivre un peu le long du lac jusqu'au village de Spangmik qui marque la fin de la zone autorisée. Impossible d'aller plus loin. La lumière est splendide. Et dire que si tout va bien, dans un peu plus d'un an, je devrai être à l'autre bout de ce lac, à une centaine de kms à vol d'oiseau, côté Tibet (mais à plusieurs milliers de kms par la route !). Il va sans dire que notre avancée est ponctuée par de nombreux passages de gués...






Retour à Tangste le lendemain après une nuit bien courte et agitée, passée en partie aux toilettes "in the open" à rejeter sirop, paracétamol et antibios. No comment ! Heureusement l'étape est courte et plutôt légèrement en descente. La traversée du gué à une heure moins tardive que la veille est plus aisée, même si plusieurs 4x4 se retrouvent coincés au milieu de la rivière.











Reste à regrimper le Chang La dans l'autre sens. J'ai repris du poil de la bête, et Pierre me prend une sacoche histoire d'équilibrer un peu les forces à la montée. Le goudron cède vite la place à la piste, avec qqs raidillons sérieux. On arrive au sommet, sans l'aide de camion cette fois-ci, mais bien tard (presque 18h). Juste le temps d'avaler un thé chaud offert par les militaires qui entretiennent le col et d'enfiler tous nos habits chauds, c'est parti pour la descente. La nuit tombe vite après 19h, nous optons donc pour le bivouac au même endroit qu'à l'aller avant qu'il ne fasse trop noir.


Nous ne sommes pas en retard sur le planning, cela nous laissera 2 jours pour le Wari La. Il s'agit d'un col peu emprunté menant à la Nubra Valley depuis le village de Taktok, mais difficile de trouver des infos précises sur son altitude, la longueur de l'ascension ou le dénivelé. On verra bien, mais c'est a priori le col le plus sérieux du circuit. Nous prévoyons une 1ère étape courte en guise de jour de repos avant l'ascension du col proprement dite. Pause au monastère de Taktok pour récupérer nos permis pour la Nubra (déposés pour nous par Laurent, un français rencontré à Leh l'été dernier et qui séjourne au Ladakh plusieurs mois par an). Nous roulons finalement tout de même plus de 4h (sur du bon goudron !) pour aller bivouaquer à 4650m (pas loin de 1000m de dénivelé !), spot parfait sur un petit plateau surplombant la vallée, avec une petite rivière pour la douche et les provisions d'eau. On aperçoit juste au-dessus le col qui semble vraiment proche vu d'ici, et les grands lacets de la route de demain.

Euh, mais c'est plus du goudron là !?!



Départ matinal pour gravir les 700m de la journée. Objectif : atteindre le col avant midi. L'inclinaison de la pente et l'état de la route en décident autrement. Je suis forcée de descendre et pousser à plusieurs reprises, parfois sur plus de 100m. La fin est vraiment difficile. J'arrive finalement au sommet vers 14h, fatiguée mais vraiment satisfaite.

....Youhoo, Wari La me voilà !

Une immense descente nous attend : 2200m de dénivelé sur 60km, ponctuée d'inéluctables traversées de gués et de belles petites remontées le long de la rivière Shyok.







Dans le village de Kalsar, à l'entrée de la Nubra Valley, nous sommes accueillis comme d'habitude par une dizaine de curieux. Certains s'amusent du son du klaxon pendant que d'autres cherchent à comprendre la mécanique du tricycle. "gears" (= vitesses), "steering" (= direction), "brake" (= frein) ponctuent les longues phrases en ladakhi. La conclusion est invariablement la même : "First time I see this cycle, very good". Pas de chance pour nous le soir, il n'y a plus une seule bouteille de bière disponible dans tout le village. Après les multiples "dry days" de Leh, nous serons encore privés d'un apéro pourtant bien mérité.

Petite visite de la vallée le lendemain. Nous tentons de voir jusqu'où il est possible de remonter en direction du Pakistan. La réponse vient vite : pas très loin ! Un pont à la sortie de Hunder gardé par plusieurs militaires armés qui n'ont pas l'air de plaisanter, et un panneau "Cautious, no visitors allowed beyond this point" nous dissuadent de tenter de passer.

Pause dans le sable. Au fond à droite, la vallée de la Nubra remonte jusqu'au glacier de Siachen à la frontière Pakistanaise, plus haut terrain d'affrontement au monde. A gauche, la Shyok descend sur les plaines du Pakistan.


Il est temps de rentrer sur Leh. Nous décidons de nous accorder 2 jours pour couvrir les 120km et 2200m de dénivelé qui restent à parcourir. Dans la montée du Khardung La, dernier col de la série, un 4x4 de touristes indiens arrivant en sens inverse s'arrête : "Two French people coming this way. Cycles same same like yours but a bit different. Two wheels.". Hum, nous avons hâte de rencontrer ces 2 français qui roulent en vélo couché sur les routes du Ladakh. Dans la Nubra Valley, ils vont vraiment trouver que les français ont des vélos bizarres.

Bivouac vers 4300m au bord d'une rivière au-dessus de Khardung village. Au petit matin en sortant la tête de la tente, quelle n'est pas notre surprise lorsque nous apercevons, à une centaine de mètres à peine, un loup. Pas le temps de sortir l'appareil photo, il est déjà loin dans la montagne. C'est la 2ème fois du voyage que nous en voyons (1ère fois du côté de Sarchu, en bas du Baralacha La). Assez surprenant si près de routes somme toute plutôt passantes, et à qqs kms des habitations.

Nous rencontrons enfin nos compatriotes au check-post de North Pullu dans la montée du col, c'est là qu'ils ont bivouaqué, vers 4600m. Il s'agit de Nathalie et Michel (http://migrationsenbent.fr). On échange un peu sur le vélo, sur le voyage. Ils sont sur la route pour 8 mois, arrivent du Kazakhstan, via les Pamirs et la Karakorum, et continuent ensuite vers le Népal. Ils ont un sacré physique et grimpent autour de 7-8 km/h avec leurs vélos chargés là où je suis plutôt à 4-5 km/h... Pour rouler en 2 roues couché sur les routes du Ladakh, faut avoir un sacré physique ! Pour les autres, comme moi, il reste le tricycle...


Nous repartons dans le sens de la montée. Les derniers kms du col me semblent d'une étonnante facilité (il faut dire que Pierre continue de porter une de mes deux sacoches dans les montées). Rien à voir avec le Wari La ou le Chang La. C'est nettement plus facile. Traditionnelle pause photo au sommet sous le panneau "highest motorable road in the world", cette fois-ci avec les vélos chargés. Un thé chaud et un carré de Lindt noir amandes, et c'est parti pour 40km de descente non-stop jusqu'à Leh (dont 30 de bon goudron), un vrai régal ! Belle récompense de tous nos efforts de ces jours derniers !






samedi 1 août 2009

Khardung La,

Col carrossable le plus haut du monde (5606m)...

... C'est du moins ce que disent les Indiens, et ce qu'on peut lire sur le panneau au sommet, même si le GPS semble démentir en étant moins optimiste (5360m "seulement"). Tout de même une bien belle montée : 1850m de dénivelé sur une quarantaine de km.

Départ 6h30 pour la tortue que je suis, 8h30 pour Pierre qui me rattrape au bout de 25 km au niveau du checkpoint de South Pullu. Pas de permi ? Non, on pensait qu'il n'y en avait pas besoin pour monter juste au Khardung. Passeport ? Oups, ils sont restés à Leh... On est mal barrés ! Après 1h de palabres avec le policier Sikh de service, et qqs essais du tricycle, on finit par le convaincre de nous laisser passer.

Une bonne assiette de noodle soup et 1h de plus de pause à bavarder avec les 6 autres cyclos qui tentent la montée ce jour, nous voilà repartis. Le goudron s'arrête au bout de qqs kms. Un convoi d'une trentaine de camions militaires nous offre une pause forcée sur le bord de la route, pas dans le meilleur des cadres possibles (dans la poussière et à la hauteur des pots d'échappement). La route se dégrade pas mal, mais le tricycle passe finalement fort bien même si ça patine un peu par endroit. La traversée de qqs gués me rafraichit le popotin...

On atteint finalement le sommet dans l'après midi. Traditionnelle photo devant le panneau "Highest Motorable Pass - 5606m". Un bon thé pour se réchauffer. Puis c'est reparti pour une super descente de 40km, génial (même si les qqs 1ers km relèvent du VTT) ! Pause pour récupérer les cartes laissées en "deposit" à notre ami policier Sikh qui en profite pour s'amuser encore un peu avec le tricycle.

On arrive à Leh en toute fin de journée, bien fatigués mais contents d'avoir relever le challenge haut la main.