jeudi 13 août 2009

Pangong Tso - Wari La - Nubra Valley

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"Tout peut attendre, mieux vaut être en retard"... Belle devise que nous avons bien involontairement fini par faire nôtre ! Après 3 jours passés à attendre les permis, nous décollons enfin de Leh. C'est Manzoor (patron de l'agence Virgo à qui nous adressons un grand merci) qui nous déposera les permis en route avant Karu, meilleur compromis trouvé afin d'éviter une journée de plus d'attente. J'ai mis à profit ce repos forcé pour aller voir le médecin du coin car je traîne une belle crève depuis plus d'une semaine. Diagnostique en 3 minutes chrono : "You cough a lot, antibiotics". Mouais... Bon en même temps pour moins de 3 euros tout compris (sirop, paracétamol et antibio), on ne peut pas trop lui en vouloir !

Choglamsar, Shey, Thiksey, Stakna, Karu. Je commence à connaître la route par coeur. Et dans le sens de la descente, ça parait immédiatement plus agréable. Manzoor nous rattrape peu après Thiksey avec les précieux sésames. Personne ne nous arrête au 1er checkpost. Nous commençons à grimper doucement le 1er gros col du parcours (Chang La 5360m). Bivouac à 4000m d'altitude.

Le lendemain, je tousse encore et surtout me sens totalement "flagadatte" (orth???). Au bout de 2h à avancer comme une tortue, à peine 200m gravis, il en reste plus de 1000, je jette l'éponge un peu découragée et me résous pour la 1ère fois à monter dans un camion. Sentiment d'échec accentué par la longue attente d'un véhicule qui veuille bien embarquer vélo plus pilote. Après plus de 2h (ça laisse bien le temps de cogiter), j'aperçois Pierre qui redescend pour venir aux nouvelles. Au même moment, un camion de police accepte enfin de s'arrêter. Nous grimpons tous les deux, moi à l'avant dans la cabine, Pierre à l'arrière avec les vélos au milieu de la ferraille. La route est sacrément impressionnante vue de haut. Le précipice semble toujours bien proche. A un moment, on voit arriver en face un autre camion transportant une carcasse de ce qui semble avoir été par le passé - avant de fort probablement se fracasser dans un ravin - un véhicule militaire. "Ah, single lane road" dit le chauffeur en riant et en montrant l'épave écrabouillée. Marche arrière dans le sens de la descente à la recherche d'un endroit plus large pour pouvoir se croiser, les roues mordant le bas-côté puis à cheval dans le vide. Non, je n'ai décidément pas du tout le même sens de l'humour. Ce serait dommage de finir le voyage ici de façon si peu honorifique ! Après 20 bonnes minutes de manœuvres dans un sens et dans l'autre, on repart vers le col. Ouf !

On atteint enfin le Chang La ! 5360m d'après le panneau indien, 5380m d'après le GPS. Qui a raison ? Casse-croute rapide au sommet, on décharge les vélos. La descente est difficile, j'ai l'impression d'avoir des courbatures partout. Les 35km jusqu'à Tangste me semblent bien longs. On se pose dans la 1ère guesthouse, et je me glisse directement sous plusieurs épaisseurs de couvertures. Ca promet pour la suite !

Je me sens heureusement sensiblement mieux au réveil. On prévoit une étape courte pour se reposer un peu (une quarantaine de km, +/- 400m de dénivelé), étape tout de même ponctuée par qqs traversées de gués, dont un vraiment important avec de l'eau jusqu'au genou et un fort courant qui impose de tout décharger et transporter à la main. C'est Pierre qui se charge de tout transporter, une vraie perle ! L'arrivée sur le Pangong Tso est absolument magique.

Les paysages sont superbes :









On décide de poursuivre un peu le long du lac jusqu'au village de Spangmik qui marque la fin de la zone autorisée. Impossible d'aller plus loin. La lumière est splendide. Et dire que si tout va bien, dans un peu plus d'un an, je devrai être à l'autre bout de ce lac, à une centaine de kms à vol d'oiseau, côté Tibet (mais à plusieurs milliers de kms par la route !). Il va sans dire que notre avancée est ponctuée par de nombreux passages de gués...






Retour à Tangste le lendemain après une nuit bien courte et agitée, passée en partie aux toilettes "in the open" à rejeter sirop, paracétamol et antibios. No comment ! Heureusement l'étape est courte et plutôt légèrement en descente. La traversée du gué à une heure moins tardive que la veille est plus aisée, même si plusieurs 4x4 se retrouvent coincés au milieu de la rivière.











Reste à regrimper le Chang La dans l'autre sens. J'ai repris du poil de la bête, et Pierre me prend une sacoche histoire d'équilibrer un peu les forces à la montée. Le goudron cède vite la place à la piste, avec qqs raidillons sérieux. On arrive au sommet, sans l'aide de camion cette fois-ci, mais bien tard (presque 18h). Juste le temps d'avaler un thé chaud offert par les militaires qui entretiennent le col et d'enfiler tous nos habits chauds, c'est parti pour la descente. La nuit tombe vite après 19h, nous optons donc pour le bivouac au même endroit qu'à l'aller avant qu'il ne fasse trop noir.


Nous ne sommes pas en retard sur le planning, cela nous laissera 2 jours pour le Wari La. Il s'agit d'un col peu emprunté menant à la Nubra Valley depuis le village de Taktok, mais difficile de trouver des infos précises sur son altitude, la longueur de l'ascension ou le dénivelé. On verra bien, mais c'est a priori le col le plus sérieux du circuit. Nous prévoyons une 1ère étape courte en guise de jour de repos avant l'ascension du col proprement dite. Pause au monastère de Taktok pour récupérer nos permis pour la Nubra (déposés pour nous par Laurent, un français rencontré à Leh l'été dernier et qui séjourne au Ladakh plusieurs mois par an). Nous roulons finalement tout de même plus de 4h (sur du bon goudron !) pour aller bivouaquer à 4650m (pas loin de 1000m de dénivelé !), spot parfait sur un petit plateau surplombant la vallée, avec une petite rivière pour la douche et les provisions d'eau. On aperçoit juste au-dessus le col qui semble vraiment proche vu d'ici, et les grands lacets de la route de demain.

Euh, mais c'est plus du goudron là !?!



Départ matinal pour gravir les 700m de la journée. Objectif : atteindre le col avant midi. L'inclinaison de la pente et l'état de la route en décident autrement. Je suis forcée de descendre et pousser à plusieurs reprises, parfois sur plus de 100m. La fin est vraiment difficile. J'arrive finalement au sommet vers 14h, fatiguée mais vraiment satisfaite.

....Youhoo, Wari La me voilà !

Une immense descente nous attend : 2200m de dénivelé sur 60km, ponctuée d'inéluctables traversées de gués et de belles petites remontées le long de la rivière Shyok.







Dans le village de Kalsar, à l'entrée de la Nubra Valley, nous sommes accueillis comme d'habitude par une dizaine de curieux. Certains s'amusent du son du klaxon pendant que d'autres cherchent à comprendre la mécanique du tricycle. "gears" (= vitesses), "steering" (= direction), "brake" (= frein) ponctuent les longues phrases en ladakhi. La conclusion est invariablement la même : "First time I see this cycle, very good". Pas de chance pour nous le soir, il n'y a plus une seule bouteille de bière disponible dans tout le village. Après les multiples "dry days" de Leh, nous serons encore privés d'un apéro pourtant bien mérité.

Petite visite de la vallée le lendemain. Nous tentons de voir jusqu'où il est possible de remonter en direction du Pakistan. La réponse vient vite : pas très loin ! Un pont à la sortie de Hunder gardé par plusieurs militaires armés qui n'ont pas l'air de plaisanter, et un panneau "Cautious, no visitors allowed beyond this point" nous dissuadent de tenter de passer.

Pause dans le sable. Au fond à droite, la vallée de la Nubra remonte jusqu'au glacier de Siachen à la frontière Pakistanaise, plus haut terrain d'affrontement au monde. A gauche, la Shyok descend sur les plaines du Pakistan.


Il est temps de rentrer sur Leh. Nous décidons de nous accorder 2 jours pour couvrir les 120km et 2200m de dénivelé qui restent à parcourir. Dans la montée du Khardung La, dernier col de la série, un 4x4 de touristes indiens arrivant en sens inverse s'arrête : "Two French people coming this way. Cycles same same like yours but a bit different. Two wheels.". Hum, nous avons hâte de rencontrer ces 2 français qui roulent en vélo couché sur les routes du Ladakh. Dans la Nubra Valley, ils vont vraiment trouver que les français ont des vélos bizarres.

Bivouac vers 4300m au bord d'une rivière au-dessus de Khardung village. Au petit matin en sortant la tête de la tente, quelle n'est pas notre surprise lorsque nous apercevons, à une centaine de mètres à peine, un loup. Pas le temps de sortir l'appareil photo, il est déjà loin dans la montagne. C'est la 2ème fois du voyage que nous en voyons (1ère fois du côté de Sarchu, en bas du Baralacha La). Assez surprenant si près de routes somme toute plutôt passantes, et à qqs kms des habitations.

Nous rencontrons enfin nos compatriotes au check-post de North Pullu dans la montée du col, c'est là qu'ils ont bivouaqué, vers 4600m. Il s'agit de Nathalie et Michel (http://migrationsenbent.fr). On échange un peu sur le vélo, sur le voyage. Ils sont sur la route pour 8 mois, arrivent du Kazakhstan, via les Pamirs et la Karakorum, et continuent ensuite vers le Népal. Ils ont un sacré physique et grimpent autour de 7-8 km/h avec leurs vélos chargés là où je suis plutôt à 4-5 km/h... Pour rouler en 2 roues couché sur les routes du Ladakh, faut avoir un sacré physique ! Pour les autres, comme moi, il reste le tricycle...


Nous repartons dans le sens de la montée. Les derniers kms du col me semblent d'une étonnante facilité (il faut dire que Pierre continue de porter une de mes deux sacoches dans les montées). Rien à voir avec le Wari La ou le Chang La. C'est nettement plus facile. Traditionnelle pause photo au sommet sous le panneau "highest motorable road in the world", cette fois-ci avec les vélos chargés. Un thé chaud et un carré de Lindt noir amandes, et c'est parti pour 40km de descente non-stop jusqu'à Leh (dont 30 de bon goudron), un vrai régal ! Belle récompense de tous nos efforts de ces jours derniers !






5 commentaires:

  1. Anne, voila de vraies photos d'aventure. Ça fait rêver et ça donne envie. Quel dommage que je n'ai pas la capacité physique d'un tel périple.
    Bravo !

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  2. Wow! Les photos me laissent sans voix.
    Et les traversées à gué, ça m'a l'air bien rafraichissant.

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  3. Continuez a voyager partout vous allez vous apercvoir qu'il reste toujours quelquechose a voir, comme moi j'en fini pas et c'est si bon. Votre trip me dit d' aller suivre vos traces, alors c'est parti. merci de ce beau site.
    GABIROUTE

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  4. Superbes photos et quelle aventure ! Cela m encourage encore plus a venir faire un tour a velo dans cette region si belle

    Bonne continuation !

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  5. Avec les inondations monstres qu'il y au Pakistan, au Laddak, en Chine,...j'espère que tu traverses les gouttes et que tu profites à fond de ton périple.
    Amitiés Brenda

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