lundi 11 octobre 2010

Rutog, toujours en liberté

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Première rencontre avec la police tibétaine ce matin dans la petite ville de Rutog. On attend la tombée de la nuit pour rentrer dans la ville. Une voiture de police fait des allers et venues sur l'artère principale (et unique) de la ville mais ne semble pas nous preter la moindre attention. On trouve un petit hôtel à l'étage d'un magasin de téléphones et vidéos, plus discret que le grand hôtel central. Pas d'eau courante, des seaux dans le couloir en guise d'urinoirs, et des toilettes publiques inaccessibles la nuit car nous sommes enfermés à l'étage quand le magasin est fermé… Je ne vous fais pas de dessin. Diner dans un vrai resto - légumes et œufs - ça n'a l'air de rien comme ça mais ça fait vraiment du bien.
Après une bonne nuit de sommeil réparatrice et un petit déjeuner roboratif (bananes, biscuits de l'armée, yaourt, bref, le grand luxe), nous décollons vers 9h, en plein jour, bref bien trop tard. Le temps de charger les sacoches sur les vélos, c'est évidemment l'attroupement, la police ne peut plus nous ignorer.
"Ni men qu na li ?" (= Vous allez où  ?)
Réponse : "Bu tong" (= Pas comprendre)
Malgré notre chinois somme toute limité, il est clair qu’ils veulent savoir d'où on vient et où on va, et aimeraient bien voir nos papiers et permis... Nous jouons à merveille les benêts de service, un vrai rôle de composition bien entendu. Ils finissent par dégoter un brave militaire qui parle trois mots d'anglais, mais pas suffisamment pour qu'on arrête de faire semblant de ne rien comprendre.
"Where you come from?"
"France"
"Where you come from... road travel? Lhasa? Xinjiang?"
"Yes yes travel this road. Lhasa no"

Le petit jeu dure 10 bonnes minutes, le tout dans la bonne humeur et avec le sourire. Le jeune militaire conscient des limites de son anglais prend l'air touchant de l'élève appliqué "Where you want to go?",
Je finis par répondre "I go Ali [la ville suivante]. I want see doctor" et de tousser allègrement pour montrer que je suis fort malade. Le policier chef a l'air bien embêté et fait traduire "In Ali, see the police for..." et mime tant bien que mal un papier. "Yes yes, in Ali police registration, good". Ouf, on s'en tire bien pour cette fois-ci. Ne trainons pas trop d'ici qu'il change d'avis ou cause à la PSB d'Ali et nous demande de faire demi-tour.

Premiers tours de roue sur le goudron
Ah, j'allais oublier la deuxième grande nouvelle du moment : c'en est fini de la piste, du sable, du gravier, de la caillasse, de la tôle ondulée (j'en parle presque avec nostalgie). Nous roulons maintenant sur de l'asphalte bien lisse. Ça n'est peut-être rien pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Ça veut surtout dire que je peux enfin avancer sans me trainer comme une tortue ! Le tricycle, c'est bien, confortable et tout, mais sur piste, c'est quand même pas rapide. D'après des cyclos chinois croisés il y a qqs jours, la DDE locale a refait toute la route jusqu'à Lhasa cette année. Quoi ? Du vrai bitume tout neuf ? Waouh ! On va essayer d'en profiter aussi longtemps que possible...

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