dimanche 19 septembre 2010

Premier checkpoint de nuit

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Sieste à l'écart de la route après le passage
de nuit du checkpoint de Kudi
Nous avions entendu toutes sortes d’histoires sur le checkpoint de Kudi, la plupart étant des rumeurs véhiculées sur les forums principalement par des gens qui n'y ont jamais mis les pieds, la seule info vraiment crédible étant que si vous vous pointez de jour sans permis, les militaires vous font faire demi-tour.


Le réveil sonne à 2h15 du matin mettant fin à une nuit bien trop courte à mon goût. Nous avons campé cachés de la route derrière une butte de terre. Kudi est à 6 km environ. Heureusement, la route est goudronnée sur cette portion, ce qui rend la progression à la lampe frontale plus aisée. Quelques chiens en quête de proies (les cyclistes figurant parmi leurs préférées) aboient à notre passage. Armée de cailloux et d’un grand bâton, je n’ai (presque) même plus peur (euh... non, ça, c'est pas vrai !). Petite montée d’adrénaline quand l’un des canidés entreprend de s’approcher d’un peu plus près. « Fais gaffe, tu vas finir en steak » lui criai-je. Efficace.

3h45 du matin. Première barrière à l’entrée du village. Elle est levée. Nous éteignons les frontales. Il n’y a personne, ouf. Le vrai checkpoint gardé est un peu plus loin à la sortie du village. Les barrières  sont abaissées, éclairées par un spot. J’espère que le tricycle passe bien en dessous car il n’y a pas la place sur les côtés. Petite seconde de doute vite passée. Juste le temps d’entendre un vague « héhé » de la part du militaire de faction probablement légèrement surpris dans son sommeil, nous accélérons dans la nuit avant de rallumer les frontales. C’était finalement d’une simplicité banale.

Pendant quelques minutes, je m’inquiète de savoir si le militaire a donné l’alerte. Aucun mouvement à l’horizon. Peut-être vaut-il mieux pour lui ne rien dire, il se ferait engueuler d’avoir laissé passer des cyclistes clandestins ? Nous pédalons jusqu’au petit jour, avant de nous cacher à nouveau derrière un talus. Aucune idée à quel point nous allons être recherchés (notre ego voudrait quand même que les autorités s’intéressent un peu à nous), mais le récit d’un hollandais qui s’est fait arrêter une dizaine de km après le checkpost nous incite à la prudence. Profil bas aujourd’hui et les quelques jours suivants. Nous passons la journée derrière un talus, avant de redécoller juste avant la nuit vers 19h.

Le ciel est dégagé, et la lune presque pleine éclaire la route devant nous. Pas besoin de frontale. Les montagnes surplombant la vallée sont enveloppées d’une lumière envoûtante. Nous roulons ainsi jusque vers 23h avant de chercher un endroit pour camper et nous cacher la journée suivante. Il fait moins 8°C au petit matin, petit avant-goût de ce qui nous attend... Heureusement, rapidement le soleil sort et réchauffe la tente. C’est un peu frustrant de rester là à attendre, mais ça permet de se reposer et d’écrire un peu. Nous avons décidé d’avancer ainsi jusqu’à Mazar. Ensuite, Inch Allah (même s’il vaudrait mieux invoquer d’autres dieux une fois quitté le pays ouïghour). On ne va pas non plus traverser tout le Tibet de nuit pour échapper aux autorités ! D’autant qu’on est encore loin du Tibet à proprement parler. Il nous reste 500km à parcourir, 5 grands cols à franchir et l’immense désert glaciel de l’Aksai Chin à traverser.

1 commentaire:

  1. Chapeau bas. Quel courage et ténacité!
    Vivement que l'on entende votre récit de vive voix.
    Brenda

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